Selon les données du cabinet Altares, 11.000 entreprises ont entamé une procédure de sauvegarde ou se sont engagées dans un processus de redressement ou de liquidation judiciaire au troisième trimestre 2023, ce qui représente une augmentation de 23 % par rapport à la même période en 2022, portant le total des défaillances sur les douze derniers mois à 53.000.
Retour à la réalité
Ces chiffres semblent être la conséquence de la fin des mesures exceptionnelles d'aide, telles que les PGE (Prêts Garantis par l'État) ou l'activité partielle, dont les entreprises avaient bénéficié massivement pendant la période pandémique.
Privées de ces dispositifs exceptionnels et contraintes de rembourser leurs dettes, elles doivent maintenant faire face à une conjoncture économique défavorable engendrée par une augmentation flagrante des coûts logistiques, énergétiques et des matières premières. Parallèlement, leur trésorerie est épuisée, ce qui les pousse vers des procédures collectives.
Une hausse à deux chiffres pour les PME-ETI
Les défaillances d'entreprises concernent principalement les PME-ETI, qui voient leur nombre augmenter plus rapidement que celui des TPE. Au cours du troisième trimestre, elles sont près de 900 à avoir fait faillite, soit une hausse de 32 % par rapport à l'année précédente.
Cet été se révèle être le plus difficile depuis 2014. Ces entreprises intermédiaires, souvent moins bien équipées en termes de ressources humaines que les grandes sociétés ou les grands groupes, manquent généralement d'une gestion sociale suffisamment efficace pour faire face à des situations de crise.
Une grande entreprise avec une infrastructure RH plus robuste et une meilleure base financière pourra privilégier un dialogue social plus qualitatif, mettre en place un éventail de mesures pour amortir les conséquences économiques (accords de performance collective, ruptures conventionnelles collectives, réorganisation du temps de travail, révision des rémunérations, etc).
À l'inverse, une entreprise de plus petite taille pourrait être contrainte d'opter immédiatement pour des plans de sauvegarde de l'emploi (PSE), sans de solution intermédiaire.
Sur l'angle des secteurs, certains sont particulièrement touchés par ces défaillances :
. La restauration rapide,
. Les magasins multirayons,
. La coiffure,
. La construction,
. Les travaux publics,
. Les agences immobilières,
. L'agroalimentaire,
. Le transport routier de marchandises.
Les jeunes entreprises en souffrance
Les structures ayant moins de trois ans d'existence se montrent particulièrement vulnérables.
Au cours de ce troisième trimestre, ce sont près de 1.700 sociétés créées depuis 2021 qui ont fait faillite, soit +32% par rapport à l'année précédente.
Leur fragilité est manifeste, avec 81% d'entre elles se trouvant immédiatement en liquidation.
En revanche, les jeunes entreprises, celles ayant entre 3 et 5 ans, qui ont été créées avant la pandémie de Covid-19 et ont réussi à résister jusqu'à présent, maintiennent leur position.
3.175 d'entre elles ont connu des défaillances, une augmentation de « seulement » 13% par rapport à l'année précédente.
Cette performance s'accompagne également de perspectives de redressement plus favorables, car le nombre de liquidations judiciaires n'augmente que de 9%, en partie grâce à une hausse de 24% des redressements judiciaires.
Quant aux entreprises créées entre 2013 et 2018, elles se trouvent dans une situation similaire aux très jeunes entreprises, avec une augmentation de 31% du nombre de défaillances. Parmi elles, les deux tiers sont des structures employant moins de trois salariés.
Les entreprises âgées de plus de dix ans se situent dans la moyenne, avec une augmentation de la sinistralité d'environ 22%.
Des perspectives optimistes
Cependant, bien que le nombre de défaillances soit à son plus haut niveau depuis 2018, il est en légère diminution par rapport aux trimestres précédents. Cela suggère un espoir de retour à un nombre de défaillances plus modéré dans les mois à venir...